CARACTÉRISTIQUES DU DICTIONNAIRE

Nola Erran est un dictionnaire bilingue actif

L'élaboration d'un dictionnaire bilingue suppose l'identification préalable du type d'utilisateur auquel il s'adresse; il convient en particulier de savoir s'il s'agit de quelqu'un sachant ou connaissant bien la langue des entrées du dictionnaire (ou langue source). En effet, en ce cas, cet utilisateur, qui connaît la signification des mots par lesquels il commence sa recherche, utilisera généralement le dictionnaire bilingue de façon active, afin de traduire dans la langue dite cible un terme ou une expression de la langue source. A l'inverse, un utilisateur passif du dictionnaire y a recours pour savoir ce que signifie le terme ou l'expression de l'entrée, information qui lui est donnée dans l'autre langue.

Comme le dictionnaire Nola Erran est élaboré principalement à destination des bascophones du Pays Basque de France, lesquels aujourd'hui sont tous bilingues, il ne peut s'agir que d'un dictionnaire actif. Autrement dit, il est d'abord conçu comme un instrument qui aidera les utilisateurs qui savent le français à exprimer en basque, dans le contexte linguistique de cette partie du Pays Basque, un mot ou une expression française.

Est-ce à dire que tout autre usage de ce dictionnaire est exclu ? Non, évidemment. Nous croyons en particulier que les bascophones ignorant ou sachant peu le français, cas de beaucoup de Basques d'outre-Bidassoa, pourront également l'utiliser passivement pour mieux saisir le sens d'un mot ou d'une expression française. Il reste cependant, que la conception du dictionnaire est basée sur l'emploi actif ordinaire qu'en feront les bascophones d'Iparralde.

Nola Erran est un dictionnaire d'orientation

On distingue généralement deux grands types de dictionnaires : les dictionnaires descriptifs et les dictionnaires parfois appelés prescriptifs, et que nous dirons ici d'orientation, afin de mieux traduire la réalité des choses, s'agissant notamment des dictionnaires bilingues actifs.

  • Les dictionnaires descriptifs recueillent les termes utilisés par les locuteurs, sans tenir compte de leur correction; par exemple, qui les emploie ou les a employés, ou quelle est leur origine ou leur mode de formation.
  • Les dictionnaires d'orientation sont rédigés en fonction des demandes et des besoins sociaux en matière lexicographique. Ils indiquent quels mots il convient d'employer pour tel signifié, dans tel contexte, en privilégiant la langue soignée et standard, dans le cadre des exigences et demandes sociales habituelles en la matière, en particulier en raison de la standardisation associée à l'écrit. Certaines fois, ils écartent les termes qu'en réalité beaucoup de locuteurs utilisent à l'oral, car il s'agit de termes empruntés non assimilés. D'autres fois, ils proposent des vocables que les locuteurs, en fait, n'utilisent pas ou peu, notamment pour traduire des objets ou concepts nouveaux dans l'usage de la langue cible.

Bien que ces deux conceptions soient contradictoires, tout dictionnaire doit tenir compte de ces deux aspects : l'usage chez les locuteurs, et l'adéquation à la demande sociale en matière de standardisation et de correction de la langue. Un dictionnaire est caractérisé comme étant d'un type ou de l'autre en fonction de l'aspect qu'il privilégie.

Nola Erran, sans nul doute, est un dictionnaire d'orientation : il ambitionne d'offrir une aide efficace et une information fiable à l'utilisateur qui souhaite effectuer une traduction du basque au français, de manière adaptée au contexte linguistique actuel d'Iparralde et en conformité aux normes du basque standard. Comme on le sait, c'est l'Académie de la Langue basque qui a fixé l'essentiel de ces normes, proposant dans la mesure du possible des formes acceptables pour tous, et en suivant une démarche progressive. Le dictionnaire Nola Erran respecte les normes établies par l'Académie, et il les adapte au contexte linguistique de la communauté de locuteurs à laquelle il est principalement destiné.

Tradition littéraire sur laquelle se base le dictionnaire

Même s'il tient compte dans une certaine mesure de la variété de la langue, ce dictionnaire est d'abord destiné aux utilisateurs qui doivent le consulter dans le contexte du Pays Basque aquitain, éventuellement dans un cadre professionnel.

Il est bien connu que de ce côté-ci de la frontière, à l'exception de quelques documents bilingues produits durant la Révolution, le basque est resté jusqu'ici exclu de la vie publique, au moins dans ses manifestations écrites. Aucun standard que l'emploi public de la langue aurait pu permettre de développer n'est donc apparu. Par conséquence, c'est sur une base différente que sont nées et se sont développées les deux traditions dialectales majeures d'Iparralde : l'une dénommée bas-navarro-labourdine (pour reprendre l'appellation utilisée par P. Lafitte pour désigner la variété de langue littéraire du XXème siècle en continuité chronologique avec le labourdin classique) et l'autre, la souletine. Cependant, ces dernières années de profondes modifications sont intervenues. Voici en effet plus d'un tiers de siècle que le basque est langue officielle en Pays Basque ibérique, et durant cette période son utilisation dans la vie publique n'a cessé de croître. Il a pénétré des domaines où auparavant il ne pouvait apparaître, du moins comme langue d'usage : à l'école, à l'université, ou dans les médias audiovisuels, et la place qu'il y occupe est de plus en plus significative. Grâce à ces progrès, le basque, surtout la langue standard de référence, a connu un renouveau très remarquable dans ces provinces. La production littéraire s'est normalisée et un nombre important des classiques de la littérature internationale a été traduit. De ce côté-ci de la frontière, à l'inverse, la situation juridique du basque est restée inchangée, et marquée par l'absence d'un statut d'officialité. Bien sûr, les avancées réalisées au-delà de la Bidassoa ont eu des répercussions importantes sur le basque d'Iparralde également, sans que cependant les traditions littéraires aient été interrompues. Favorisé par les changements qui se produisaient dans la société et dans les moyens de communication, l'impact du renouveau linguistique d'Outre-Bidassoa a été important, notamment parmi ceux ayant appris le basque ou l'ayant étudié à l'école, ou l'employant dans un contexte professionnel.

Le dictionnaire Nola Erran a pour base celle de ces deux traditions d'Iparralde qui est la plus répandue et qui est la plus proche du basque unifié : celle dite bas-navarro-labourdine. Cependant, Nola Erran prend également en compte les vocables en provenance d'outre-Bidassoa qui ont été adoptés ou sont en voie de l'être, ainsi que les mots récemment formés et liés au développement technologique ou aux changements sociétaux. Il donne également une information minimale relativement à la tradition lexicale souletine.

Pour déterminer quels mots souletins il convenait d'intégrer au dictionnaire, le critère suivi a été celui de la présence de ces termes dans le Lexique Unifié de l'Académie. Nola Erran, par conséquent, inclut dans les équivalents basques qu'il propose les mots spécifiquement ou spécialement souletins qui sont admis dans le Lexique Unifié, en les signalant par l'indication ZU (voir les Spécifications dialectales associées aux équivalents basques). Toutefois, il convient de préciser que Nola Erran ne fait pas figurer les mots communs de la langue dans la forme spécifique qu'ils ont parfois en souletin. Par exemple, comme équivalents basques des vocables 'eau', noisette' et 'nuit' apparaîtront ur, hur, et gau, mais non pas les formes souletines de ces mots : hur, hür et gaü (ou gai). De même, les mots souletins présents dans le Lexique Unifié de l'Académie seront inclus dans la forme qu'ils ont dans ce lexique, et non nécessairement dans la forme qu'ils ont traditionnellement en souletin. Ainsi, à l'entrée 'argent' le mot diharu est inclus sous cette orthographe, bien qu'en souletin il soit écrit diharü. Outre la difficulté résultant de certains désaccords concernant la graphie du souletin, présenter systématiquement les deux variantes du même mot parmi les équivalents aurait beaucoup alourdi le dictionnaire et son utilisation.

Source des entrées françaises

Pour élaborer un dictionnaire général français-basque, il faut en premier lieu choisir les entrées françaises. Une telle tâche ne peut être réalisée dans de bonnes conditions que par des spécialistes de lexicographie française ; à plus forte raison, si, comme dans le cas présent, il est souhaité que le choix de ces entrées soit adapté à un environnement sociétal et un niveau culturel donnés.

Si l'histoire de la lexicographie basque avait été autre, il nous aurait été sans doute possible à partir d'une base déjà existante d'élaborer une telle liste d'entrées, et de disposer d'une structure de ces entrées adaptée et éprouvée. Hélas, nous sommes loin d'une telle situation. Bien que la tradition des dictionnaires bilingues français-basque soit ancienne, puisqu'elle remonte au dix-septième siècle, ceux élaborés jusqu'ici ne nous aident guère à établir la liste des entrées, sous-entrées et expressions françaises qu'il convient d'utiliser dans un dictionnaire tel que Nola Erran. Pour commencer, il a donc fallu se procurer ce matériel à l'extérieur du monde de la bascologie. Ce sont les éditions Le Robert, lesquelles disposent de l'expérience que l'on sait en matière de lexicographie française, et également de dictionnaires bilingues, notamment français-anglais (en collaboration avec les éditions Collins), qui ont été sollicitées à cet effet.

Pourquoi les entrées d'un dictionnaire français-anglais ont-elles été privilégiées, plutôt que par exemple celles d'un dictionnaire français-espagnol ? En premier lieu parce qu'il s'agit de la paire de langues où les travaux de lexicographie bilingue sont les plus avancés en France. En second lieu, parce que l'anglais et le français ont des lexiques structurellement plus différents, avec un écart significatif dans le nombre de mots. Cet état de choses fait que dans un tel dictionnaire les différentes acceptions attachées à un même vocable français, ou les expressions les plus fréquentes qui y sont associées, sont mieux identifiées que pour une paire de langues dont la structure lexicale est plus proche à beaucoup d'égards. Bien sûr, des inconvénients peuvent également résulter de cet état de choses, car l'anglais offre un traitement fort différent du basque des vocables français. Toutefois, les avantages apportés aux lexicographes par cette option dépassent largement les inconvénients.

Les entrées françaises du dictionnaire français-anglais CompactPlus de Robert et Collins ont fourni la base des entrées du dictionnaire Nola Erran, tant du point de vue de leur liste, que de leur structure. Cependant, les lexicographes basques ont été conduits parfois à modifier ces éléments, les principaux changements résultant, d'une part, de l'ajout d'un nombre important d'exemples basques, pour l'essentiel adaptés du corpus de Nola Erran, et aussi, parfois, du réaménagement des sous-entrées. Après l'achèvement du dictionnaire, la possibilité a été mise en place d'introduire de nouvelles entrées absentes du Robert& Collins CompactPlus. Ce nouveau dispositif permettra d'enrichir peu à peu le dictionnaire.

Particularités associées au caractère électronique du dictionnaire

Les dictionnaires électroniques sont d'apparition récente et aujourd'hui encore ils représentent dans une large mesure une adaptation des dictionnaires imprimés à un nouveau support de diffusion. C'est également le cas de Nola Erran, qui est élaboré à partir de la version électronique d'un dictionnaire français-anglais papier, même si le dictionnaire français-basque, quant à lui, est dès le départ conçu pour une diffusion électronique en ligne.

Aussi, du point de vue proprement lexicographique, les utilisateurs ne rencontreront guère de nouveautés par rapport aux dictionnaires imprimés avec lesquels ils sont certainement plus familiers. Il y a pourtant quelques points, qui sont directement liés au type de diffusion de Nola Erran, et qui doivent être soulignés :

  • Le dictionnaire une fois mis en ligne n'est pas fermé et il peut donc recevoir des entrées nouvelles, ou voir ses entrées de départ corrigées ou augmentées.
  • Le dictionnaire offre la possibilité d'utiliser le texte basque comme un corpus susceptible de recherches. Par conséquent, si un utilisateur souhaite savoir si tel ou tel vocable est présent dans le dictionnaire, ou dans quelles entrées il est présent, il a la possibilité de le faire (voir Accueil).
  • L'utilisateur peut, s'il le souhaite, faire apparaître la transcription phonétique des entrées françaises. Il peut également, en cliquant sur le symbole au début de l'entrée, accéder à la page du site WordReference.com où le tableau des conjugaisons du verbe de l'entrée est consultable. Cette option est principalement destinée aux utilisateurs passifs du dictionnaire; (voir Les options de configuration).
  • Les équivalents basques à propos desquels les lexicographes ont fait apparaître une remarque sont signalés par le signe . En glissant le curseur sur ce symbole, la remarque apparaît ; voir par exemple l'équivalent heldu dans l'entrée 'arriver'.
  • Le dictionnaire offre également la possibilité aux utilisateurs de faire des suggestions pour améliorer le dictionnaire; voir la fenêtre Suggestions des utilisateurs.

L'ordre des équivalents de traduction

Lorsque l'on consulte le dictionnaire français-anglais de Robert & Collins CompactPlus, on constate que pour chaque entrée ou sous-entrée, il est proposé un, et un seul, équivalent anglais. Le lecteur du dictionnaire Nola Erran, à l'opposé, trouvera souvent plusieurs équivalents basques. Cet état de choses, qui pourra apparaître malcommode à l'utilisateur, est la conséquence de plusieurs facteurs incluant la pluralité des traditions dialectales du basque, le degré variable de correspondance entre les équivalents basques et français, et le choix des lexicographes dans le cadre d'un dictionnaire actif et d'une tradition lexicographique peu développée.

Pour aider l'utilisateur dans ses choix, les équivalents basques ont été ordonnés selon leur fréquence dans le corpus Nola Erran, et chaque fois que cela a paru nécessaire, une indication d'ordre dialectal y a été associée. Par exemple, les deux équivalents basques de l'entrée 'autre' sont, dans cet ordre : beste, bertze (BL). Ceci signifie que, les deux formes appartenant au basque standard, la variante beste est celle qui est la plus employée dans le corpus de Nola Erran; la forme bertze, qui porte la marque Ipar dans le Lexique unifié (Hiztegi Batua) de l'Académie, et qui est caractéristique de beaucoup de variantes du bas-navarrais-labourdin, figure donc en seconde position, suivie de l'indication BL. Les mots qui sont surtout utilisés outre-Bidassoa et pas ou peu en Iparralde figurent toujours en dernier parmi les équivalents de traduction, suivis de l'indication MD.

Spécifications dialectales associées aux équivalents basques

Les spécifications dialectales du dictionnaire Nola Erran sont attribuées dans un but pratique d'orientation, et non à des fins savantes. Il ne s'agit en aucune façon d'indiquer la source dialectale originelle des équivalents basques, puisque Nola Erran n'est pas un dictionnaire descriptif basé sur la langue parlée. Pour autant la production textuelle en langue basque se caractérise par une certaine diversité, certes bien moins grande que celles des parlers oraux, et ayant tendance à diminuer grâce notamment à la mise en place progressive d'un basque standard, notamment sur le plan lexical, mais néanmoins sensible et socialement significative. Elle ne peut être ignorée, notamment dans le cas des locuteurs d'Iparralde, qui sont très nettement minoritaires dans l'ensemble bascophone et qui évoluent dans un environnement sociolinguistique différent. Ce dernier est marqué par les fortes menaces qui pèsent sur la continuité de la langue, mais aussi, dans le domaine de la production textuelle, par le fait que les textes bas-navarro-labourdins sont continuateurs d'une tradition non interrompue depuis les XVI et XVIIème siècles, et qu'ils occupent à ce titre une place particulière dans l'ensemble de la production textuelle en basque.

Les spécifications du dictionnaire Nola Erran permettent à l'utilisateur d'identifier aisément parmi les équivalents basques des entrées françaises, ceux qui, dans le cadre du basque unifié, sont utilisables :

  • sans restriction dialectale, ils apparaissent sans marque de cette nature, ou bien zab.
  • de manière privilégiée dans le contexte linguistique d'Iparralde (généralement de la proximité navarraise également), et portant l'indication BL
  • de manière privilégiée dans le contexte souletin, signalés par ZU
  • de manière privilégiée dans un contexte linguistique incluant les bascophones d'outre Bidassoa, suivi du symbole MD.

Ces indications constituent les principaux éléments nécessaires aux utilisateurs de Nola Erran pour opérer leurs choix lexicaux de base en matière dialectale. Les modes d'attribution de ces indications sont précisés ci-dessous:

  • Les équivalents basques qui sont à la fois utilisés de façon significative dans le corpus de Nola Erran, et inclus sans marque dans le Lexique unifié sont sans marque dialectale.
  • Les équivalents basques qui sont utilisés de façon significative dans le corpus de Nola Erran, et qui sont non inclus, ou bien inclus avec la marque Ipar, dans le Lexique Unifié, sont signalés par la marque BL ; voir par exemple l'équivalent beheititu à l'entrée 'abaisser'.
  • Nola Erran privilégiant une utilisation dans le contexte linguistique d'Iparralde, le dictionnaire ne fait pas de distinctions entre les trois modes selon lesquels la mention Ipar. est utilisée dans le Lexique Unifié : soit de façon nue, soit suivie d'un équivalent ayant en principe une plus grande extension, soit suivie de la marque h, laquelle indique qu'un autre mot est à privilégier dans un contexte linguistique plus large allant au-delà du Pays Basque aquitain. Par exemple, le lexique du basque unifié recueille le mot erlisione en lui associant l'indication Ipar, et en y joignant le symbole h. suivi de la variante préférée en basque unifié: erlijio. Nola Erran donne cette information à l'entrée 'religion', en plaçant en premier la forme erlisione, car elle a une fréquence beaucoup plus grande dans les textes d'Iparralde, ceux du passé comme ceux d'aujourd'hui.

  • Les équivalents basques dont il apparaît que leur intégration dans les textes bas-navarro-labourdins est plus ou moins récente sont signalés par la marque zab.. Cette marque signale l'intégration (plus ou moins avancée) au sein du lexique de la tradition bas-navarro-labourdine de vocables originaires le plus souvent des usages occidentaux (comme par exemple lortu 'obtenir', jarduera 'activité', ulertu 'comprendre', ...).
  • Les mots, ou le plus souvent les variantes de mots, que le Lexique Unifié écarte explicitement (marque e.) ne sont pas mentionnés comme équivalents basques par Nola Erran. Cela résulte du choix de respecter les indications de l'Académie. Cependant il arrive parfois que, selon les indications du corpus, une telle forme soit tout à fait répandue dans les dialectes du nord. Dans ces cas là, une note expresse (visible en mettant le curseur sur le symbole ) donne cette information à l'utilisateur, afin qu'il puisse, s'il le souhaite, l'utiliser sans gêne dans ses usages dialectaux, et qu'il ne croie pas qu'il s'agit d'une forme incorrecte.
  • Le dictionnaire Nola Erran est fondé sur les textes de la tradition bas-navarro-labourdine qui est celle historiquement utilisée comme forme standard dans le contexte d'Iparralde, en dehors de la Soule (voir la Tradition littéraire sur laquelle se base le dictionnaire). Cependant, à chaque fois qu'une entrée française donne lieu à l'emploi d'un équivalent souletin inclus dans le Lexique Unifié, ce terme est intégré à Nola Erran et y est mentionné avec la marque ZU.
  • Les équivalents basques qui ne sont pas présents de façon significative dans le corpus de Nola Erran et sont inclus sans marque dans le Lexique unifié sont signalés par l'indication MD. Grâce à cette information, les utilisateurs sauront quels sont les termes qu'ils doivent privilégier dans leurs interactions avec des bascophones d'outre-Bidassoa ; voir par exemple les équivalents iritsi et ailegatu dans l'entrée 'arriver'.
  • Les marques BL, MD, zab. et ZU sont utilisées de façon régulière. Les autres marques dialectales (BI, GI, NA), à l'opposé, ne le sont que de manière plus rare; elles concernent surtout le biscayen.

Autres spécifications associées aux équivalents basques

En plus des spécifications dialectales, d'autres informations peuvent apparaître associées aux équivalents basques. Elles peuvent concerner le type d'usage, le registre, la grammaire, ou le domaine de spécialité concerné. Il s'agit de marques habituellement utilisées dans les dictionnaires, et qui n'appellent pas d'autres commentaires :

  • les mots peu utilisés de façon générale (g. er.) ou dans la langue actuelle (g.g.er.), ou encore archaïques (zah.), sont signalés par une indication entre parenthèses.
  • les indications relatives au registre signalent en particulier les termes vulgaires (arrunt.), puérils (haur.), péjoratifs (guties.) et familiers (lag. art.) ;
  • celles relevant de la langue recherchée ou littéraire (goi) ou au contraire d'une langue peu soignée (behe) sont indiquées mais moins fréquentes, car les textes d'Iparralde du corpus évitent généralement ces emplois marqués;
  • les marques relatives aux informations grammaticales signalent les emplois vocatifs de certains noms (bokat.), les emplois prédicatifs de certains adjectifs (pred.), les vocables utilisés au pluriel (pl.), les mots dont un -r final est simple (-r arina);
  • Les autres marques signalent des vocables généralement associés à des spécialités (medik., mat., biol., … pour les mots utilisés spécialement en médecine, mathématique, biologie, etc.); voir Liste des abréviations.

Expressions et exemples

Comme indiqué plus haut les entrées du dictionnaire Nola Erran, ainsi que leur structure interne, sont celles du dictionnaire français-anglais Robert & Collins CompactPlus. Ces entrées et sous-entrées, fréquemment, contiennent des expressions qui leur sont lexicalement attachées mais ayant en français un caractère particulier, en raison du sens, de la fréquence d'emploi, du caractère idiomatique, etc. Jusqu'ici, ce sont des éléments que les dictionnaires français-basque ont ignorés, mais qui présentent souvent pour l'utilisateur des difficultés. Prenons par exemple le verbe 'balayer'. L'entrée est unique et relativement simple car chaque locuteur sachant le français attribue un sens clair, et en principe relativement précis, à ce verbe. Pourtant très rapidement des emplois secondaires apparaissent, relevant de l'usage ordinaire du français, mais où le verbe est utilisé métaphoriquement. Ainsi, en français, une personne pourra balayer la poussière, ou encore balayer la chambre mais également balayer des préjugés, ou balayer ses ennemis. Et selon qu'une route est balayée par une personne ou des phares de voiture, le verbe 'balayer' prendra une signification sensiblement différente. Il va sans dire qu'une autre langue que le français n'utilisera pas nécessairement le verbe 'balayer' dans ces divers emplois, et que par conséquent, dans la mesure du possible, un dictionnaire bilingue doit s'efforcer de rendre compte de telles données. Le dictionnaire Nola Erran, dans le cadre offert par les entrées françaises du Roberts & Collins CompactPlus propose des équivalents basques à ces différents cas. Pour ce faire, il doit souvent rompre le parallélisme lexical avec le français et suggérer une traduction possible en basque, dans le contexte de la tradition bas-navarro-labourdine. Bien sûr, en faisant cette suggestion, les lexicographes n'entendent pas signifier que telle est la seule manière de rendre en basque l'expression particulière traduite. Il s'agit simplement de proposer à l'utilisateur du dictionnaire une voie possible et ainsi de l'orienter et de l'aider à effectuer ses propres choix.

Par ailleurs, dans nombre d'entrées, Nola Erran offre des exemples utilisant les équivalents basques dans des phrases, afin de voir leurs conditions d'emploi. Le lecteur doit avoir à l'esprit que la plupart de ces exemples ont été pris et adaptés des textes du corpus de Nola Erran, et qu'ils ont été ensuite traduits en français.

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Variantes et synonymes dans les mots de la tradition bas-navarro-labourdine

La tradition textuelle bas-navarro-labourdine rassemble des auteurs appartenant à divers dialectes parlés des provinces de Labourd et Basse-Navarre, et au cours du temps la prééminence de ces parlers au sein de cette tradition a varié. Aussi existe-t-il au sein même de cette tradition une certaine variation en matière lexicale, laquelle se manifeste soit dans les variantes de certains mots (par exemple guzi vs guzti, ortzirale vs ostiral, ou bertze vs beste), soit à travers des synonymes (jin vs etorri 'venir', ebiakoitz vs larunbat 'samedi', izan vs ukan pour exprimer la possession, etc.). Le plus souvent, les bascophones d'Iparralde connaissent ces variantes, que le Lexique Unifié recueille, et qui sont également intégrées parmi les équivalents de traduction de Nola Erran, avec les indications dialectales correspondantes, et dans l'ordre suivant celui de la fréquence d'utilisation.

Mais dans les exemples et les traductions d'expressions, afin de conserver au dictionnaire une cohérence générale, les variantes utilisées sont toujours les mêmes, c'est-à-dire les plus fréquentes (dans les exemples cités ici guzti, ortzirale, et beste). A l'inverse, les synonymes sont utilisés librement, par exemple, jin et etorri ou izan et ukan pour exprimer la possession.

Les formes tutoyées

Comme on le sait, le tutoiement est inégalement employé aujourd'hui dans les parlers basques, y compris dans les dialectes de Basse-Navarre et Labourd, où les jeunes générations l'utilisent moins, en particulier le tutoiement féminin. Toutefois, ce registre appartient incontestablement à la tradition bas-navarro-labourdine et demeure vivant, et par conséquent Nola Erran l'utilise dans les exemples. Toutefois, pour ne pas alourdir les traductions d'exemples et expressions, les deux possibilités de tutoiement (masculin et féminin) sont approximativement alternées, de sorte qu'un seul type de tutoiement est utilisé pour chaque exemple traduit, soit masculin, soit féminin.

Nola Erran comme corpus textuel basque

Après la publication de la dernière lettre du dictionnaire, divers utilisateurs ont demandé s'il n'était pas possible de créer, à côté du dictionnaire proprement-dit, un moteur de recherche permettant d'accéder au texte basque des entrées du dictionnaire (y compris les expressions et les exemples). Cette requête a été satisfaite et le moteur de recherche installé dans la page d'accueil.